Les grandes affaires criminelles de la Côte d’Azur

POSTED IN romans 26 juillet 2014

 

 

 

Editions De Borée – 2013

A rnaud Gobin et Charles Bottarelli associent ici leur plume et leur talent pour relater ces récits dans une compilation regroupant plus de trente affaires parmi les plus emblématiques de la Côte d’Azur, s’étant déroulées de Toulon à Menton. Ces histoires composent un ouvrage original et intriguant.
(Note de l’éditeur)


Au début des années soixante, la Côte d’Azur est devenue une énorme bulle immobilière. Le moindre terrain vague étalant sa friche face au rivage prend en quelques mois une plus-value considérable. Le plus minable hôtel au bord de la faillite, la plus petite pinède ombragée et la plus décrépie des villas bâties sur les hauteurs de Cannes ou de Menton s’achètent et se revendent à des prix faramineux. Les banques ayant pignon sur rue, comme les officines de prêts et de crédits, plus ou moins véreuses, croulent sous les dossiers « juteux » et les projets d’investissements pharaoniques. Ce « miroir aux alouettes », poli à l’échelle du littoral, attire une armée d’agioteurs, de promoteurs et de bâtisseurs avides de profits. Parmi eux, bon nombre de margoulins et d’aventuriers vont tenter leur chance à n’importe quel prix. C’est dans ce contexte frénétique où tous les coups semblent permis que va se dérouler une affaire criminelle particulièrement sordide, comme seule la cupidité sait en engendrer.

À cent lieues de cette agitation, Jacques ne se pose pas de questions sur la valeur de son patrimoine. Il occupe une modeste maison à la sortie de Mouans-Sartoux. Le bâtiment en parpaings, entouré d’une garrigue caillouteuse sert aussi d’entrepôt à son matériel de maçonnerie. Malheureusement pour lui, les spéculateurs ne se bousculent pas pour lui racheter un terrain pour le moment sans grande valeur. En ce matin d’hiver 1964, le jeune artisan n’a donc pas la tête aux profits faciles. Il se contente d’accomplir une tâche modestement rémunérée. Marcelline R., une amie d’enfance, lui a demandé de niveler un peu de carrelage au rez-de-chaussée d’une villa de Mougins. Jacques a sorti une vieille ponceuse électrique de sa camionnette. Il a déposé le lourd transformateur en 220 volts devant la prise électrique de la chambre à coucher et évalue le travail. Dans un coin de la pièce, les deux mètres carrés de dalles neuves en opus incertum tranchent avec le vieux revêtement patiné. Son engin fera vite disparaître la différence entre les anciens et les nouveaux carreaux. Jacques choisit judicieusement le meilleur grain d’abrasif avant de fixer la meule au palet rotatif. Il mouille le sol pour retenir la poussière, branche la ponceuse et commence son travail dans un bruit infernal. Un bruit à « réveiller les morts » songe-t-il, agrippé au manche de sa machine. En pensant cela, Jacques ignore pourtant sur quoi il marche. Moins d’un mètre sous ses pieds gît un corps entièrement nu. Ce cadavre en décomposition est celui d’Odette Hillairet, l’ancienne locataire des lieux…

La victime était une femme active d’une soixantaine d’années. Avant de déménager à Mougins, elle occupait la villa « Reine des Alpes » à Cannes. Elle souhaitait vendre ce bien depuis longtemps, mais en demandait un prix beaucoup trop élevé. À cette époque, elle employait Marcelline R. comme femme de ménage. Celle-ci était devenue la dame de confiance de sa patronne. En décembre 1963, elle lui présente son dernier amant en date : Jean-Baptiste N. L’homme se dit négociateur de biens. De petite taille, il porte cravate et semble flotter dans son imperméable. Avec son visage émacié sous le feutre vissé sur sa tête, il ressemble autant à un parrain de la camorra qu’à un petit fonctionnaire gratte-papier. Malgré tout, s’il n’a rien d’un Apollon, son charme discret ne laisse pas indifférentes les dames d’âge mûr. Il va aider Odette à recouvrer quelques dettes et s’engage à trouver un acquéreur pour sa propriété…

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